La tribune internationale est un journal hiranais créé en 113 et focalisé presque exclusivement sur les questions internationales et géopolitiques. Indépendant politiquement, il fait figure de référence en matière de politique internationale pour presque tout le spectre politique.
Sortie victorieuse de la crise kareylienne qui menaçait son pays, la Président du Conseil saphyrien fait maintenant face à de nouveaux défis.
Attendu de tous, le dénouement de la crise kareylienne survenue il y a onze mois est enfin arrivé. Bien sûr, le protectorat saphyrien, situé entre le Saphyr et le Borowen, est plongé dans un chaos institutionnel et tout doit être rebâti, mais le gouvernement a sauvé l’Empire en gardant ce petit pays sous son contrôle.
Cette victoire de la Présidente Sullivan-Pettersen peut avoir pour elle des conséquences très différentes. Le dénouement de la crise peut la renforcer dans sa position de Commandante-en-Chef de la nation et ainsi lui faire bénéficier d’une grande popularité. Mais il peut également amener les partis à reprendre le jeu politique au Sénat en lançant une motion de censure, la Présidente n’ayant plus de majorité depuis le retrait de son allié centriste de la CMD le 17 avril.
Il est probable que la Présidente évoque cette situation politique complexe lors de son allocution prévue ce soir à 18 heures au Saphyr qui traitera probablement beaucoup du dénouement de la crise kareylienne. D’autant que d’autre question pèse sur son avenir politique, Kirsten Sullivan-Pettersen ayant annoncé hier matin sur les réseaux sociaux être enceinte d’un sixième enfant avec son mari Erik Sullivan, ancien leader de l’exécutif saphyrien.
La maternité de la leader actuelle de l’exécutif pourrait bien être la plus grande inconnue de l’équitation gouvernementale saphyrienne. Peut-elle annoncer un retrait pour gérer ses affaires familiales? Ou va-t-elle rester au pouvoir et de ce fait braquer une importance inédite sur le poste de Vice-Président du Conseil dans le nouveau gouvernement qui devra nécessairement être formé? L’actuel Vice-Président issu du Parti Impérial Horace Bunch, 79 ans, sera-t-il alors la meilleure personne pour assurer un intérim de plusieurs mois à la tête de l’exécutif saphyrien, fonction nettement plus éprouvante que la Présidente du Sénat qu’il occupe.
Mais surtout, si la Présidente Sullivan-Pettersen ou un autre membre de son parti devait garder les rênes du gouvernement, avec quelle formation serait-ce possible? Les regards pourraient naturellement se tourner vers le parti d’extrême-droite du GRP avec lequel le mari de l’actuelle Présidente Erik Sullivan avait gouverné. Mais l’échec électoral qui s’en était suivi pour la droite pourrait refroidir les cadres de l’ADP, d’autant que jamais la Présidente actuelle n’a semblé accordé du crédit à une telle alliance. Mais aussi répugnante que paraisse l’hypothèse pour une partie de la droite, il pourrait bien s’avérer que ce soit la seule option à disposition. Le seul autre parti avec lequel la droite pourrait accepter serait son éternel adversaire socialiste mais parvenir entre les deux partis à un accord de gouvernement pourrait bien être impossible. Et enfin, la CMD détenant déjà la moitié des portefeuilles ministérielles, la Présidente peut difficilement leur offrir davantage pour monnayer leur maintien dans la majorité.
Mais à l’inverse, rien ne montre une quelconque capacité de l’opposition à former un gouvernement. Le leader de l’Opposition, Bradley Russell, semble encore réticent à l’idée de gouverner avec les communistes et il est probable qu’aucune autre formation de l’accepte non plus. L’issue la plus probable restant un gouvernement axé au centre avec les socialistes, les centristes et le Parti Impérial. Mais la CMD devrait probablement pour cela accepter de renier ses grandes réformes libérales, ses deux potentiels partenaires étant des étatistes assumés. Ce chaos et cette incapacité de l’opposition à s’unir pourrait bien faire les affaires de la droite qui, même minoritaire, pourrait garder la gestion des affaires courantes jusque’à d’éventuelles nouvelles élections.
Cependant, aucun scénario n’est à exclure, les systèmes parlementaires à l’instar e ceux du Saphyr étant réputés pour offrir des coalitions surprenantes. D’autant plus que si la Présidente actuelle bénéficie d’un très fort soutien de la population, l’Opposition pourrait renoncer à déposer et voter une motion de censure, le leader socialiste Bradley Russell ayant été très critique à l’égard de la démission de la CMD il y a moins de deux semaines. Son refus de « réunir les partis de l’Opposition » dans un nouveau gouvernement annoncé il y a quelques jours peut-il s’effacer si l’opportunité se présentait?
En conséquence, il apparaît qu’à quelques heures d’une prise de parole très attendue de la Présidente Sullivan-Pettersen qui a promis de « prendre le temps de s’exprimer sur l’avenir de sa majorité », le Saphyr semble difficilement gouvernable, en tout cas avec une solution qui ferait consensus. Coalition improbable? Gouvernement minoritaire? Élections anticipées? Comme souvent dans la démocratie des partis de l’Empire du Saphyr, sa Majesté Impériale aura fort à faire pour se trouver un Conseil capable de présider durablement aux destinées nationales.
Arrivée en seconde positions des premières élections législatives en République du Chibourg samedi, la dirigeante conservatrice Roween McLean est parvenue à la surprise générale à former un gouvernement.
Ce rendez-vous législatif était une grande première sur l'État insulaire du Chibourg. Cette île, encore une région d'Heerdens il y a cinq mois, est parvenu à organiser en seulement quatre mois des élections législatives. Habitée depuis la fin des années 120, l'île a obtenu après 20 ans de lutte son indépendance le 1er janvier dernier, tout en restant un protectorat de la République d'Heerdeens.
Dans la petite République de 122 000 habitants, l'élection de la chambre unique du Parlement et de ses 61 sièges à la proportionnelle s'est tenue le 1er mai, quelques semaines après l'intronisation le 1er février du Président Johan Murray, désigné Président sans élection, aucun adversaire ne s'étant opposé à lui.
Très vite dans cette campagne législative, deux blocs sont apparus comme potentiellement vainqueurs : le Parti Travailliste et leurs alliés (Union des Travailleurs, Solidaires !, Les Verts et le Parti Pirate) face au Parti Conservateur et ses alliés (Parti Libéral et Union des Droites). Trouble fête annoncé, le Parti Populaire d'extrême-droite pouvait priver l'un des deux blocs d'une majorité. Promesse tenue pour le mouvement qui, en gagnant 5 sièges, a privé le bloc de gauche de majorité.
La coalition la plus probable semblait alors être une coalition de centre-gauche, le leader travailliste Igmar Potgieter tentant de négocier avec les centristes du Parti Libéral leur entrée au gouvernement en échange du départ de l'aile gauche de sa coalition potentielle : Solidaires ! et l'Union des Travailleurs. Une telle coalition, incluant écologistes et pirates, aurait atteint tout juste les 31 sièges, synonymes de majorité. La seule question restait donc de savoir si les centristes étaient prêts à lâcher leur coalition naturelle.
Alors que beaucoup de commentateurs et de députés élus commençaient à annoncer un accord imminent dans ce sens, Roween McLean, leader des conservateurs arrivés en seconde position, a annoncé à la surprise générale ce midi avoir scellé un accord avec le Parti Pirate pour qu'il se greffe à sa coalition. Son bloc, qui détenait alors 26 sièges, est devenu majoritaire de justesse grâce à l'appui des 5 députés pirates. Ces-derniers ont obtenu des concessions très importantes, obtenant deux des six ministères à savoir la Justice et l'Environnement.
Cependant, avec une majorité de 31 sièges, la nouvelle Première Ministre et son gouvernement, qui a déjà le mérite d'exister, n'aura aucune marge de manoeuvre, notamment au moment fatidique du vote du budget. Et surtout, son gouvernement va devoir tenter de rester uni sur l'épineuse question du traité de protectorat avec Heerdens entré en vigueur le 1er janvier. La question du siège chibourgeois à la C.I.N.S., dont se sert ostensiblement la République d'Heerdens comme d'un troisième siège, pourrait par exemple être très complexe à gérer pour la Première Ministre, deux partis de sa coalition ayant déjà dit leur volonté de faire évoluer les choses sur la question.
Le Président du Conseil des Commissaires Vasil Davidoff, pacifiste et modéré, a donc été remplacé à la tête du pays, quelques jours après son remplacement à la tête du Parti Communiste par Benediktov Petrovich.
Le changement était attendu. Dimanche après-midi, le PCUN annonçait l'élection de Benediktov Petrovich, Commissaire à la Guerre, au poste de Secrétaire Général du Parti. À 69 ans, ce vieux routier de la politique novgardoise était le candidat du Politburo pour diriger le parti et était donc appelé à remplacer très rapidement son prédécesseur à ce poste.
Il faut dire que la rumeur du remplacement de Vasil Davidoff se faisait de plus en plus insistante. Tout d'abord, sa ligne pacifiste commençait à agacer le Politburo qui a autorisé il y a déjà plusieurs mois le Commissariat à la Guerre (dirigé alors par un certain Benediktov Petrovich) à lancer un programme de recherches dont les résultats devraient être connus dans les prochains jours. Cette politique a été jugée responsable par beaucoup de la menace qui pèse sur l'Internationale, la démocratisation du régime uspanais menaçant clairement de voir le petit voisin de l'Union quitter la sphère communiste, malgré un enlisement actuel des négociations entre les formations politiques uspanaises pour former une troisième République.
Mais les critiques se multipliaient aussi sur la politique intérieure du leader sortant. Modéré historique, son remplacement par un dur du Parti, qui a plusieurs pris positions pour l'interdiction des autres partis politiques, montre bien l'exaspération du Politburo. Sur le plan démocratique, on attend donc un tour de vis du nouvel exécutif. Pressenti pour prendre le poste de Commissaire à l'Intérieur, le Président de Kraghizie a toujours plaidé publiquement pour l'interdiction des partis nationalistes et conservateurs et l'a encore répété au Congrès ce week-end. Ce pourrait donc être l'une des premières grandes mesures fortes du nouveau gouvernement.
Benediktov Petrovich va très vite se lancer dans un grand baptême de l'air international en retrouvant pour un sommet sur la situation actuelle dans le Dawwfiq et en Asnaywana le Premier Ministre ostarien Henri Le Floch, le Président du Conseil saphyrien Horace Bunch et le Secrétaire d'État fédéré Paul Marshall. Certains évoquent même déjà la possibilité d'une rencontre prochaine avec la Présidente fédérée Nancy Chapman, véritable test pour la nouvelle stratégie diplomatique de l'affrontement là où son prédécesseur avait multiplié les signaux d'apaisement et n'avait osé que de petites provocations, comme le refus de la venue sur son territoire du Sénateur fédéré Pete Page, aujourd'hui décédé. Une source proche du nouveau leader novgardois évoque d'ailleurs la possibilité d'annoncer les résultats des recherches nucléaires juste avant le début du sommet pour mettre de la pression sur les partenaires internationaux de Novgrad.
Quoi qu'il en soit, ce changement de personnalité à la tête de l'exécutif annonce un changement de politique majeur, tant intérieur qu'international, qui pourrait bouleverser bien des équilibres diplomatiques actuels.
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