Un spectre hante Hirana : le spectre du socialisme. Cette terre façonnée par une tradition progressive n'a du socialisme que le spectre épars et non pas la forme finie, voilà toute l'ampleur de notre labeur. Ce pays qui nous a vu naître et nous verra mourir n'est à l'heure actuelle qu'un régime bourgeois dominé par et pour les avantages exclusifs des intérêts des capitalistes, ceux qui possèdent les capitaux économiques les plus importants, et non pas dans l'intérêt de la nation, qui est indissociable de l'intérêt de son peuple tout entier. Ce régime a pris la forme démocratique, c'est-à-dire la forme qui pour apaiser la population et faire tomber le fusil de l'épaule de l'insurgé, lui offre la possibilité lointaine d'un jour imposer l'expression de ses intérêts qui est également celui d'Hirana toute entière : l'intérêt du prolétariat. Notre tâche est donc soumise à ces circonstances, car pour rappeler les mots de Vakémine : "Ce sont les Hommes qui font l'Histoire, dans des circonstances qu'ils n'ont pas choisi." Partant de ces constats, il faut désormais cheminer pour parvenir aux fondements d'une stratégie socialiste. Quel cheminement suivre sinon le matérialisme dialectique, outil scientifique des socialistes et des hommes du progrès dont la principale preuve du fonctionnement est que, fondement de la science, il permet aujourd'hui, grâce à ses analyses justes et ses résultats vrais, de faire s'envoler les fusées : la preuve du matérialisme dialectique, c'est que les fusées volent.
Que nous amène à penser le matérialisme dialectique ? Tout ce qui permettra à notre Parti de vaincre ses ennemis qui sont les ennemis de tout le genre humain. Le front unique des socialistes se résume en un seul slogan : Un seule classe et un seul parti de masse. La division passée entre communistes et social-démocrate est aujourd'hui enterrée, le grand parti unique des socialistes révolutionnaires ou réformistes est reformé, il convient désormais de le mener jusqu'à la victoire. Cependant fou qui voudrait nous mener à l'assaut du ciel ; car c'est là toute tentative vaine, vouée à l'échec par manque de programme et de stratégie. Notre époque, que nous n'avons pas choisi, et le contexte politique national, que nous avons modelé les ans passés sans parvenir à le transformer convenablement et suffisamment, amènent à conclure que le travail des socialistes doit être plus discipliné, plus régulier et plus déployé. Il ne convient plus de faire des tambouilles électorales pour parvenir au pouvoir sans y apporter la moindre évolution, mais désormais tous nos efforts doivent être tournés vers la démocratisation de nos idées, leur déploiement et leur diffusion parmi les masses, la mise au pas du Parti et de tous ses membres comme corps matériel des intérêts du prolétariat, et l'action tant syndicale que politique partout où les opportunités nous serons offertes.
La discipline nous l'appliquerons quelque en soit les décisions stratégiques, nous n'avons jamais vu un foie attaquer une rate, et le corps en arme du prolétariat doit savoir fonctionner de concert et avoir une unité certaine dans sa lutte pour vaincre son ennemi et mener à bien sa mission humaniste. Le centralisme démocratique doit être réaffirmer et ses orientations suivies le plus scrupuleusement du monde. En l'attente d'une réponse politique au sein du Parti Socialiste Démocratique, ce journal socialiste dont vous lisez le manifeste, aura la tâche d'information et de diffusion des principes du socialisme scientifique ainsi que la défense de nos intérêts politiques. Pour que le P.S.D se transforme de parti d'avant-garde à parti de masse, nous en sommes certains, Socialisme ou Barbarie sera d'un soutien stratégique nécessaire afin de permettre à la ménagère maintenue par ses maîtres dans la plus profonde inculture de débattre avec les Secrétaires Généraux de notre Parti. Notre époque fait vire à Hirana, et à son régime capitaliste un dilemme pour son avenir : ou bien avancer de l'avant en entrant de plein pied dans le socialisme qui ne saurait être autre chose qu'une démocratie avancée et étendue à tous les pans de la société, ou bien un retour sur nos conquis sociaux et un ravalement des menus victoires obtenues amenant à une paupérisation avancée du prolétariat, en somme à la barbarie. Voilà le dilemme de notre siècle : Socialisme ou Barbarie.
Le Comité Central de Rédaction